Apprentissage: les petites entreprises taclent le Medef

Soucieuse de voir la réforme de l’alternance aboutir, l’U2P appelle le Medef et la CPME à reprendre les négociations sur la formation professionnelle, qu’elles boycottent depuis deux semaines.

C’est un rappel à l’ordre des petites entreprises aux plus grandes. Jeudi, l’U2P, l’organisation regroupant les entreprises de commerce, les artisans et les professions libérales, a demandé au Medef et à la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises) d’arrêter la «surenchère» et la guerre de pouvoir qui les oppose aux régions dans le cadre de la réforme de l’apprentissage. L’objet du bras de fer: la gestion de l’apprentissage, et notamment la possibilité d’ouvrir ou de fermer des centres de formation d’apprentis (CFA).

Pour l’heure, les régions, qui jouent un rôle central dans le financement du système, sont aux commandes. Logique, estiment les collectivités territoriales, puisqu’elles connaissaient bien leurs territoires et leurs spécificités. Mais pour le patronat, cette compétence devrait revenir aux branches professionnelles, plus en mesure d’adapter l’apprentissage aux besoins des entreprises. «Il n’y a pas un système d’apprentissage performant dans le monde dans lequel les entreprises ne soient pas au cœur du dispositif», s’agaçait la semaine dernière Pierre Gattaz, le président du Medef.

Représailles

Soucieux de se faire entendre, le Medef et la CPME ont donc sorti l’artillerie lourde. Depuis deux semaines, ils refusent, en représailles, de participer aux séances de négociation entre partenaires sociaux sur la formation professionnelle. Une stratégie également adoptée par les régions qui, quelques semaines plus tôt, fin décembre, avaient claqué la porte de la concertation sur l’apprentissage.

Après l’annulation de la séance de négociations sur la formation professionnelle prévue le 19 janvier, le ministère du Travail a bien tenté de déminer la situation en recevant l’ensemble des acteurs en réunions bilatérales. Mais il n’a pas réussi à calmer le Medef et la CPME qui, à nouveau, ont boycotté la session du 26 janvier. Dans un courrier adressé aux partenaires sociaux, l’organisation de Pierre Gattaz a fait savoir qu’elle n’était «toujours pas en situation» de reprendre la négociation, «faute d’éléments nouveaux sur l’environnement dans lequel ces discussions se situeraient».

«Equilibre global»

D’où le cri d’alerte de l’U2P et son refus de voir ces questions «prendre le dessus sur les objectifs essentiels: développer l’apprentissage en France en rendant cette formation plus attractive auprès des jeunes et en incitant les entreprises à accroître leur effort de formation». Pour y parvenir, l’organisation représentative des TPE propose, notamment, de modifier la nature du contrat d’apprentissage ou encore de passer à une rémunération des apprentis «en fonction du niveau de qualification atteint et non plus en fonction de l’âge».

Problème: le calendrier commence à être serré. Et pour cause, la négociation sur la réforme de la formation professionnelle doit s’achever le 16 février. Celle de l’assurance chômage, le 15. Or, ces deux réformes, avec celle de l’apprentissage, s’entremêlent sur plusieurs points. «Si la négociation sur la formation professionnelle achoppe, il va nous manquer des volets pour celle de l’assurance chômage», pointe Véronique Descacq, de la CFDT. Pour la syndicaliste, nul doute qu’il y aura «un équilibre global» entre les textes. Sans quoi, en cas d’échec des partenaires sociaux et de reprise en main par l’Etat, c’est l’avenir même du paritarisme qui pourrait être menacé. «J’espère que le patronat a conscience de cela», soufflait, jeudi, Michel Beaugas, de FO, après une séance de négociations sur l’assurance chômage orageuse, au Medef.

Source : Libération