Dépenses publiques : ce rapport que le gouvernement tente de garder secret

Emmanuel Macron ne veut plus rendre public le rapport du comité CAP 22. Un symbole des tergiversations de l’exécutif.

La scène est un brin surréaliste. Le 27 juin, dans l’hémicycle du Palais du Luxembourg, Christine Lavarde, membre du comité CAP 22, qui a planché sur la réforme de l’Etat, interpelle le gouvernement sur le devenir de son rapport.  » Sera-t-il porté à la connaissance des parlementaires, voire des citoyens ? «  Devant la réponse embarrassée de la secrétaire d’Etat Delphine Gény-Stephann, la sénatrice LR précise :  » En tant que membre du comité, je n’ai même pas eu connaissance de ce rapport. «  Pas de chance, elle n’a pu assister à la dernière réunion durant laquelle les membres de CAP 22, soumis à une clause de confidentialité, ont juste eu le droit de consulter le document sur place. Ce rapport fantôme illustre les tergiversations d’Emmanuel Macron sur les dépenses publiques, alors que le budget 2019 est présenté fin septembre. Pourtant, le président s’est fixé des objectifs très ambitieux. Il compte diviser par deux le rythme de progression des dépenses par rapport au précédent quinquennat. Les dépenses dites  » maîtrisables  » par le gouvernement ne doivent augmenter que de 0,2 % par an entre 2018 et 2022, contre 1,2 % sur 2012-2017 (voir graphique), selon la Cour des comptes, qui s’inquiète des efforts à fournir :  » Comme lors des précédentes lois de programmation, les principales économies sont repoussées sur les dernières années de la programmation « , après 2020.

Le programme  » Action publique 2022  » est censé contribuer massivement à cette recherche d’économies. Lors de son lancement en octobre dernier, le Premier ministre Edouard Philippe promettait monts et merveilles.  » Nous aurions pu faire comme avant : présenter un plan d’économies. Nous avons voulu faire quelque chose de radicalement différent, à la fois de plus intelligent, de plus respectueux et de plus durable : transformer en profondeur l’action publique. « 

50 000 postes à supprimer

Réunissant économistes et politiques, fonctionnaires et cadres du privé, le comité CAP 22 avait  » carte blanche  » pour cogiter en parallèle des ministres afin de les  » challenger « . Il devait rendre un rapport en mars. Mais la publication a été repoussée de semaine en semaine avant d’être purement et simplement annulée.  » Le ton du rapport était assez dur sur les fonctionnaires, c’est sans doute pour cela qu’ils n’ont pas voulu le sortir « , confie un membre du comité.  » Le gouvernement a juste changé de tactique en décidant de ne pas publier notre rapport avant d’arbitrer les mesures qu’il va mettre en œuvre, démine Ross McInnes, patron de Safran et coprésident de CAP 22. Mais je n’ai aucun doute sur sa détermination. Ce qui compte, ce sont les résultats. « 

De fait, Emmanuel Macron, dans son discours devant le Congrès, a invité le Premier ministre à présenter des mesures concrètes d’ici à la fin de l’année. Outre les coupes initiées dans les emplois aidés et le secteur HLM, l’exécutif a prévu de réduire les aides aux entreprises de cinq milliards d’euros dont un milliard dès 2019. Il s’est aussi engagé à supprimer 50 000 postes de fonctionnaires de l’Etat, malgré les emplois déjà promis à l’armée, la justice et la police-gendarmerie. Le ministre Gérald Darmanin devait notamment présenter aux cadres de Bercy, le 11 juillet, une restructuration des douanes et du fisc.

Pour atteindre ces objectifs, le non-remplacement des départs à la retraite risque toutefois de s’avérer insuffisant. D’où le souhait du gouvernement de négocier avec les syndicats des plans de départ volontaires, dont les contours restent encore très flous. Tout comme la stratégie du président en matière de maîtrise des dépenses.

Le gouvernement compte diviser par deux le rythme de progression des dépenses par rapport au précédent quinquennat.

Source : challenges.fr