Interdiction du glyphosate : les 63 députés qui ont voté contre l’inscription dans la loi

Tard dans la nuit, l’Assemblée nationale a renoncé à fixer une date d’interdiction pour le glyphosate, cet herbicide classé cancérogène probable.

C’est un engagement personnel d’Emmanuel Macron : l’interdiction du glyphosate sur le territoire français d’ici à 2021 aurait pu être gravée dans la loi par un amendement déposé par le député LREM Matthieu Orphelin. Mais celui-ci a été rejeté dans la nuit de lundi à mardi par l’Assemblée nationale.

En tout, 63 députés ont veillé jusqu’à 2 heures du matin pour rejeter l’amendement (20 pour, 2 abstentions). Parmi eux, les chefs de file des députés LREM, Richard Ferrand, des députés MoDem, Marc Fesneau et des députés LR, Christian Jacob.

A noter que les groupes « insoumis », socialiste et communiste n’étaient représentés que par un député chacun. S’ils avaient été au complet au moment du vote, l’interdiction du glyphosate, et donc de l’herbicide fétiche de Monsanto « Roundup », aurait théoriquement pu être votée (plusieurs députés insoumis s’en sont expliqué depuis). L’amendement Orphelin, moins radical qu’un amendement de la députée non inscrite et ex-ministre de l’Ecologie Delphine Batho, également rejeté, prévoyait des dérogations possibles jusqu’en 2023.


Les 63 députés, région par région

Parmi les 63 députés qui ont refusé d’inscrire l’interdiction du glyphosate dans la loi, on trouve 36 LREM, 15 LR, 7 UDI / Constructifs, 4 MoDem et 1 communiste (Sébastien Jumel).

(En gras, les chefs de file de groupes parlementaires.)

  • Auvergne-Rhône-Alpes
Jean-Yves BonyLRCantal
Vincent DescœurLRCantal
Emmanuelle AnthoineLRDrôme
Monique LimonLREMIsère
Valéria Faure-MuntianLREMLoire
Dino CinieriLRLoire
Valérie ThomasLREMPuy-de-Dôme
  • Bourgogne-Franche-Comté
Barbara Bessot BallotLREMHaute-Saône
Perrine GouletLREMNièvre
Rémy RebeyrotteLREMSaône-et-Loire
Michèle CrouzetLREMYonne
  • Bretagne
Richard FerrandLREMFinistère
Graziella MelchiorLREMFinistère
Florian BachelierLREMIlle-et-Vilaine
Laurence Maillart-MéhaignerieLREMIlle-et-Vilaine
Gilles LurtonLRIlle-et-Vilaine
Thierry BenoitUDI / AIIlle-et-Vilaine
Jean-Michel JacquesLREMMorbihan
Nicole Le PeihLREMMorbihan
  • Centre-Val-de-Loire
Guillaume KasbarianLREMEure-et-Loir
Laure de La RaudièreUDI / AIEure-et-Loir
Philippe VigierUDI / AIEure-et-Loir
Sophie AuconieUDI / AIIndre-et-Loire
Jean-Pierre DoorLRLoiret
Marc FesneauMoDemLoir-et-Cher
  • Grand Est
Grégory Besson-MoreauLREMAube
Antoine HerthUDI / AIBas-Rhin
Éric GirardinLREMMarne
Charles de CoursonUDI / AIMarne
Lise MagnierUDI / AIMarne
  • Hauts-de-France
Julien DiveLRAisne
Maxime MinotLROise
Benoît PotterieLREMPas-de-Calais
Daniel FasquelleLRPas-de-Calais
Jean-Claude LeclabartLREMSomme
  • Ile-de-France
Marie GuévenouxLREMEssonne
Christine HennionLREMHauts-de-Seine
Anne-Christine LangLREMParis
Christian JacobLRSeine-et-Marne
Jean-Jacques BrideyLREMVal-de-Marne
Jean François MbayeLREMVal-de-Marne
  • Normandie
Bertrand BouyxLREMCalvados
Sébastien LeclercLRCalvados
Séverine GipsonLREMEure
Véronique LouwagieLROrne
Jérôme NuryLROrne
Xavier BatutLREMSeine-Maritime
Sébastien JumelPCSeine-Maritime
  • Nouvelle-Aquitaine
Jean-Baptiste MoreauLREMCreuse
Jean-Marie FiévetLREMDeux-Sèvres
Véronique HammererLREMGironde
Sophie MetteMoDemGironde
Olivier DamaisinLREMLot-et-Garonne
Nicolas TurquoisMoDemVienne
  • Occitanie
Arnaud VialaLRAveyron
Olivier GaillardLREMGard
Nicolas DémoulinLREMHérault
Philippe HuppéLREMHérault
Marie-Christine Verdier-JouclasLREMTarn
  • Pays-de-la-Loire
Sarah El HaïryMoDemLoire-Atlantique
  • Provence-Alpes-Côte d’Azur
Pascale BoyerLREMHautes-Alpes
Jean-Claude BouchetLRVaucluse
  • Français de l’étranger
Roland LescureLREMAmérique du Nord

Une liste à mettre en regard (même si elles ne se recoupent pas parfaitement) avec les régions les plus agricoles du pays : « l’Atlas de la France toxique » (2016, éd. Arthaud), de l’association Robin des Bois, avait dressé la carte des départements les plus consommateurs de glyphosate. Dans le top 10 figure le Finistère de Richard Ferrand – pas moins de 8 députés bretons ont voté contre l’amendement Orphelin.

« S’il y avait de la mauvaise volonté… »

Richard Ferrand a justifié son vote et celui de ses 35 ouailles en rappelant qu’il y avait déjà « un engagement politique clair, du président de la République, du gouvernement et de la majorité ». « A ce stade, soyons en confiance », plaide le président du groupe LREM, pour qui « l’objectif est commun » avec Matthieu Orphelin, mais « la méthode diffère » :

« Mettons clairement en garde l’ensemble des acteurs pour leur dire que leur mobilisation est indispensable, que nous comptons sur eux pour bâtir la bonne solution de sortie. A défaut, s’il y avait de la mauvaise volonté, oui, la loi viendrait tirer les conclusions d’un refus de prendre en compte l’exigence à laquelle nous sommes confrontés. »

« Pas besoin de légiférer pour interdire », renchérit Laurence Maillart-Méhaignerie, députée LREM d’Ille-et-Vilaine. « Dans l’esprit des états généraux de l’alimentation, nous faisons confiance aux acteurs pour organiser la fin du glyphosate d’ici trois ans. » Comme noté par « le Parisien », elle avait pourtant cosigné à l’automne dernier une tribune dans « le Monde » réclamant à l’UE d’interdire l’herbicide « le plus rapidement possible ». Un revirement qui concerne deux autres députées LREM, Christine Hennion (Hauts-de-Seine) et Valérie Thomas (Puy-de-Dôme).

Le glyphosate a été classé parmi les cancérogènes probables chez l’homme en 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Les villes n’ont plus le droit de l’utiliser dans les espaces ouverts au public depuis le 1er janvier, et les particuliers ne pourront plus l’acheter en magasin à partir de 2019. Mais les agriculteurs, principaux utilisateurs de ce désherbant très puissant et dont beaucoup jugent contraignantes les alternatives, sont pour l’heure exemptés.

Delphine Batho avait suscité la polémique mercredi dernier en affirmant que le syndicat industriel UIPP (réunissant Monsanto ou Bayer) avait eu accès à son amendement d’interdiction du glyphosate avant les parlementaires. Estimant que cet « exemple est rarissime », le président de l’Assemblée nationale François de Rugy a indiqué qu’une enquête menée en interne n’avait « pas permis de déterminer d’où venait la fuite ».