Le premier vélo qui carbure à l’hydrogène est français

Inventé à Biarritz, ce vélo a une autonomie de 150 kilomètres, se recharge en moins de 2 minutes et a déjà convaincu plusieurs municipalités. Surtout, la prouesse ouvre la voie à d’autres véhicules.

En France, on n’a pas de pétrole, mais on a de l’hydrogène ! Fin 2017, lorsque Pierre Forté, PDG de Pragma Industries, s’est tourné vers la plateforme de financement participatif Wiseed, il s’attendait à une dure bataille pour lever les 300 000 euros dont il avait besoin. Son objectif : propulser le vélo électrique à l’hydrogène sur lequel il planchait depuis huit ans avec sa petite équipe. Autant dire que, lorsqu’il s’est retrouvé avec une manne de 830 000 euros à disposition en bout de course, Pierre Forté était un homme heureux.

Contrairement à un vélo électrique classique, le modèle Alpha de cette entreprise basée à Biarritz n’embarque pas de batterie, mais une pile à combustion hydrogène miniature. Logée dans le cadre, celle-ci produit de l’électricité par un principe contrôlé de combustion électrochimique (les fans du jeu Le Petit Chimiste peuvent aller lire les détails ici). Grâce à ce principe, la recharge prend à peine plus d’une minute, quand celle d’un vélo électrique traditionnel nécessite plusieurs heures. Doté par ailleurs d’une excellente autonomie (environ 150 kilomètres), Alpha n’a pas tardé à séduire les collectivités locales. Saint-Lô, Cherbourg, Chambéry et bien évidemment Biarritz se sont déjà dotées de plusieurs dizaines de ces montures et des bornes attenantes qui servent à les recharger.

Toutefois, Pierre Forté et les six salariés de Pragma Industries visent plus haut. Ils veulent atteindre aussi les particuliers. En conséquence, ils mettent le point final à une version de leur vélo qui embarquera une pile à hydrogène autonome. « L’objectif est de produire en 2020 5 000 vélos qui pourront s’affranchir du rechargement en borne, confiait récemment Pierre Forté à nos confrères de Ouest France. Le vélo restera haut de gamme, et coûtera autour de 4 000 euros la pièce. Mais il apportera une vraie solution innovante de mobilité, complètement détachée des énergies fossiles. »

Ne pas se limiter aux deux-roues. Surtout, grâce aux fonds obtenus auprès de 900 investisseurs, Pierre Forté travaille à la conquête de l’étranger et multiplie les salons pointus en Allemagne ou au Japon pour présenter son vélo. L’argent a aussi servi à multiplier les brevets pour protéger son invention.

Car au bout du compte, le cœur de métier de Pragma Industries n’est pas de fabriquer des vélos, mais bien des piles à hydrogène, une technologie de pointe maîtrisée par très peu d’acteurs. Pierre Forté entend donc se positionner en tant qu’équipementier. Et le plan est simple : encore améliorer l’autonomie et la souplesse de sa pile, de manière à ce qu’elle puisse équiper d’autres engins tels que les triporteurs, les scooters, les drones… Et pourquoi pas nos voitures à terme. La révolution ne fait sans doute que commencer.

 

Source : Détour Canal+