Moins on est instruit, plus on vote FN

Un sondage Ifop montre que 23% des 18-22 ans comptent voter pour Marine Le Pen. Un vote protestataire, mais pas seulement, explique le sociologue Sylvain Crépon.

Alors que Marine Le Pen ne décolle pas dans les intentions de vote, voilà une étude qui devrait réjouir la candidate frontiste. Un sondage Ifop( ça alors qui se trouve dans cet organisme de sondage ?  le frère Philippot !! ) pour Libération montre que 23% des jeunes de 18 à 22 ans la choississent, derrière François Hollande (31%) mais devant Nicolas Sarkozy (21%). Sylvain Crépon, chercheur à l’université de Nanterre et spécialiste de l’extrême-droite, livre son analyse sur une tendance qui n’est finalement pas si récente.

 

Pourquoi Marine Le Pen séduit-elle tant les jeunes?

Il y a plusieurs raisons. Premièrement, la personnalité de Marine Le Pen: une figure moderne, la quarantaine, de famille recomposée. Cela peut séduire. Deuxièmement, l’idée de vote transgressif. Il manifeste un profond désarroi et un rejet de la politique. C’est un peu le vote des « oubliés ». Troisièmement, les enquêtes de terrain montrent que les jeunes sur le point de voter FN sont ceux sur le point de travailler, ou du moins d’entrer dans la vie active. Ils sont dans l’ensemble très pessimistes par rapport à leur avenir.

Concrètement, qui sont ces électeurs?

De nombreuses études le montrent, ce sont les jeunes ayant le moins d’instruction qui se tournent vers le Front national. Moins on est instruit, plus on vote FN. On observe que ce sont également ceux qui s’intéressent le moins à la campagne. Leurs préoccupations sont, par exemple, plus portées sur la sécurité et moins sur l’éducation. Ils sont souvent très peu intégrés socialement, avec une certaine précarité professionnelle. C’est ce qui différencie cet électorat de celui de Mélenchon, par exemple.

Est-ce une tendance récente?

Non. Déjà, dans les années 90, le FN était le premier parti chez les jeunes. Là, ce n’est que le deuxième, mais cette tendance est la conséquence d’un même facteur. En fait, à chaque fois que le pays traverse une crise, cela favorise le vote des jeunes à l’extrême-droite, un vote protestataire. En revanche, même s’il vote FN aujourd’hui, une partie de ces jeunes se tournera vers les autres partis à mesure qu’ils s’intégreront socialement, fonderont une famille, etc.

Source :  lexpress.fr 03/04/2020

 

Comme les frontistes vont bien entendu tout rejeter en bloc, voici les chiffres ( encore faut il avoir intégré le programme de mathématique de niveau 5 eme ) :

 

Les partis de gouvernement ont perdu l’électorat populaire

Les suffrages des cadres supérieurs et des professions libérales vont essentiellement au bloc UMP-UDI.

Après une analyse des candidats aux départementales, l’Ifop s’est penché sur la sociologie des votants au premier tour des élections départementales de dimanche. Et l’étude menée avec Fiducial pour iTélé, « Paris Match » et Sud Radio confirme trois tendances : les cadres supérieurs votent majoritairement à droite, les cadres et les salariés du secteur public plutôt PS, et les classes populaires massivement FN.

Selon les chiffres de l’Ifop, le bloc UMP-UDI, lors de ces départementales qui ont été marquées par une abstention un peu moins importante qu’anticipé (49 %), a obtenu son meilleur résultat parmi la catégorie des cadres supérieurs et des professions libérales (33 %, contre 29,4 % au niveau national) et le plus mauvais chez les ouvriers (13 %). L’alliance de la droite séduit également en priorité parmi les plus de 65 ans, qui sont près de 40 % à avoir voté pour elle, alors que seul un quart des moins de 35 ans lui a confié son bulletin.

De son côté, le PS obtient aussi de très bons résultats chez les cadres et les professions libérales (28 %), surtout ceux issus du secteur public. Les salariés du secteur public ont voté pour 29 % à gauche, contre seulement 18 % de leurs homologues du privé dimanche. Chez les ouvriers, le PS a fait à peine mieux que l’UMP et l’UDI, avec 15 % des voix. Ce qui confirme qu’il a largement perdu son électorat populaire. En ce qui concerne la pyramide des âges, elle est plus équilibrée qu’à droite, puisque le PS réalise un score de 21 % chez les plus de 35 ans et de 23 % chez les moins de 35 ans.

Si les deux grands partis ont semble-t-il perdu les classes populaires, c’est parmi ces catégories que le FN a réalisé ses scores les plus élevés, avec jusqu’à 49 % des suffrages des ouvriers, 38 % de ceux des employés. Le parti d’extrême droite a réalisé aussi une très belle performance chez les commerçants et les artisans (28 %). « Cela confirme un ancrage électoral que nous avons déjà observé lors de l’étude autour des candidats, précise Jérôme Fourquet, directeur du département opinion et stratégie d’entreprise de l’Ifop. Ces résultats ne sont pas une surprise mais ils témoignent de la fidélisation d’un certain électorat au FN. » Le Front, qui est aussi le parti qui présentait le moins de candidats cadres, a réalisé à peine 13 % auprès de cette catégorie de la population.

Maintien du « gender gap »

Un autre enseignement de cette étude concerne le vote des femmes, une donnée intéressante alors que la parité parfaite a été imposée, avec les binômes, lors de ces élections. Elles ont été plus nombreuses que les hommes à avoir voté pour le PS (25 % contre 19 %) et moins nombreuses que ceux-ci à mettre un bulletin UMP-UDI dans l’urne (28 % contre 30 %). Selon Jérôme Fourquet, le FN serait, lui, « toujours handicapé par le « gender gap « , puisqu’il a obtenu 30 % chez les hommes, contre 22 % auprès des femmes ».

Source :  http://www.lesechos.fr