VGE, Chirac, Sarkozy : ce que coûtent les ex-présidents à la République

«Qui aurait parié sur ce tiercé ?», s’amuse René Dosière. Le député socialiste de l’Aisne, apôtre de la sincérité des dépenses publiques affectées aux institutions et aux élus, a publié sur son blog le coût annuel des anciens présidents de la République.

Et le podium peut surprendre puisque c’est Valéry Giscard d’Estaing, élu à l’Elysée de 1974 à 1981, qui grimpe tout en haut avec une dépense à lui consacrée de 2,5 millions d’euros. Nicolas Sarkozy arrive second avec 2,2 millions, et Jacques Chirac est en queue de peloton avec «seulement» 1,5 millions d’euros.

Depuis 1985, et une lettre de Laurent Fabius, alors Premier ministre de François Mitterrand, à VGE, qui fixe «de manière permanente le statut de la Nation», tous les «ex» ont droit à un bureau de fonction, meublé et entretenu par deux personnes, ainsi que sept collaborateurs, deux officiers de sécurité, deux chauffeurs et une voiture. Faveur de la République en échange de leur dévouement à la tête de la France, ce traitement leur est accordé à vie et fait régulièrement l’objet de critiques, particulièrement à l’heure des efforts budgétaires pour les citoyens lambda.

La «Patrie reconnaissante» grogne en effet plus qu’elle ne soutient. Mi-janvier, un ancien élu grenoblois a obtenu le détail des dépenses faites par l’Etat au profit de Nicolas Sarkozy depuis son départ de l’Elysée en mai 2012. Raymond Avrillier souhaitait interroger la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques sur le maintien de ses avantages alors que Nicolas Sarkozy préside l’UMP depuis fin novembre, et qu’il envisagerait d’être à nouveau candidat à la présidence.

Bureaux, collaborateurs, chauffeurs…

Selon une réponse de Matignon du 13 janvier à une question écrite de René Dosière, les dépenses de fonctionnement (principalement la location des bureaux) représentaient en 2014 une dépense de 343 307 euros pour les bureaux du boulevard Saint-Germain de VGE, 309 342 euros pour le 77 rue de Miromesnil (320 m² loués 16 431 € par mois) pour Nicolas Sarkozy et 242 816 euros pour Jacques Chirac, installé 119 rue de Lille.

Les dépenses de personnel sont supportées par les ministères mettant à disposition ces collaborateurs, quand il s’agit de fonctionnaires. Selon le ministère de la Défense, interrogé par Dosière, les cinq sous-officiers de l’armée de terre et de la marine affectés au service de Valéry Giscard d’Estaing, représentent un coût annuel de 286 696€. Le ministère des Finances met aussi six personnes à disposition des ex, pour une facture totale de 511 605 €. Un travaille pour Nicolas Sarkozy, deux pour Jacques Chirac et trois pour Valéry Giscard d’Estaing.

Le député n’évoque pas le coût des autres collaborateurs, non fonctionnaires des anciens présidents. Nicolas Sarkozy, par exemple, bénéficie des services d’un chauffeur du conseil général des Hauts-de-Seine, son ancien port d’attache, et les rémunérations de ses cinq collaborateurs contractuels, vont, hors charges patronales, de 5 247 à 7 020€ par mois.

Dosière souhaiterait limiter ces avantages à cinq ans

Dosière a cependant obtenu de Matignon le montant des indemnités de sujétion particulière, qui compensent les heures supplémentaires dans la fonction publique : en 2014, elles s’élevaient à 124 600 euros pour le personnel de Chirac, 155 198 euros pour VGE et le double, 299 574 euros pour Sarkozy.

En outre, le chevalier blanc des finances institutionnelles espère une réponse du ministère de l’Intérieur sur le coût de la sécurisation des domiciles des anciens chefs de l’Etat. En attendant, il les évalue sur la base d’un rapport du Sénat qui indiquait que quinze gendarmes étaient mobilisés en 2010 à temps plein pour garder la résidence privée de Valéry Giscard d’Estaing à Authon (Loir-et-Cher) et six pour celle de Jacques Chirac à Bity (Corrèze), soit un coût respectif annuel de 1,1 et 0,4 million d’euros selon le député. Le coût de la sécurité de la maison dans le XVIe de Nicolas Sarkozy et Carla Bruni-Sarkozy s’élèverait à environ 700 000 euros pour dix personnes.

 

«Il n’est pas admissible que de telles sommes soient dépensées sur la seule base d’une lettre personnelle – longtemps restée secrète – d’un Premier ministre à un ancien président», dénonce René Dosière, qui souhaite qu’un décret, publié au Journal officiel, détaille les avantages consentis aux serviteurs de l’Etat.

Ce décret, selon lui, devrait limiter cette générosité à cinq années, et dire que les anciens présidents ne peuvent en bénéficier s’ils
touchent une rémunération privée ou s’ils exercent «une activité politique de premier plan». Le portrait correspond à Nicolas Sarkozy qui, tout en assurant de rémunératrices conférences internationales, préside l’UMP. Mais «pour éviter tout procès d’intention, René Dosière souhaiterait que «ces restrictions ne s’appliquent pas aux anciens présidents actuels».

 

Source : leparisien.fr