Yémen : plus de 5 millions d’enfants menacés de famine

L’intensification du conflit et l’envolée des prix risquent d’entraîner une augmentation considérable du nombre d’enfants souffrant de famine, selon l’ONG Save the Children.

Plus de 5 millions d’enfants sont menacés de famine au Yémen. Dans un rapport rendu public mercredi 19 septembre, l’ONG Save the Children met en garde contre « une famine d’ampleur sans précédent » dans ce pays, alors que le conflit s’aggrave et que les prix de la nourriture et du carburant s’envolent.

Le gouvernement yéménite, soutenu par l’Arabie saoudite, combat les rebelles houthistes, appuyés par l’Iran, dans une guerre qui a déjà entraîné la mort de 2 200 enfants, selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef). Save the Children a estimé qu’un million d’enfants supplémentaires risquaient de souffrir de la famine, portant à 5,2 millions le nombre total d’enfants sous-alimentés dans ce pays pauvre de la péninsule arabique.

La reprise lundi d’une offensive des forces progouvernementales visant le port stratégique de Hodeïda – principal point d’entrée des importations et de l’aide internationale – met en péril l’accès à l’aide humanitaire et a déjà un impact économique sur les civils, notent des experts.

Une « arme de guerre »

« Le temps commence à manquer » pour empêcher « une famine dévastatrice » au Yémen et « nous ne pouvons permettre la moindre perturbation » dans la distribution de l’aide aux « victimes innocentes du conflit », a déclaré mercredi le Programme alimentaire mondial (PAM) dans un communiqué. Dès octobre 2017, le PAM avait averti qu’au-delà des combats et des raids aériens, la nourriture était désormais « une arme de guerre » au Yémen.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), le prix des denrées alimentaires a augmenté de 68 % depuis 2015, date à laquelle une coalition sous commandement saoudien est entrée en guerre aux côtés du gouvernement pour combattre les milices houthistes, qui contrôlent de vastes territoires, dont la capitale Sanaa et le port de Hodeïda. Le coût d’un panier alimentaire de produits de base a augmenté de 35 %, tandis que les prix de l’essence, du diesel et du combustible pour la cuisine ont augmenté de plus de 25 % depuis novembre 2017.

L’interruption de l’approvisionnement de la population en denrées alimentaires par le biais du port de Hodeïda, sur la mer Rouge, « mettrait la vie de centaines de milliers d’enfants en danger immédiat, tout en poussant des millions d’autres vers la famine », a déclaré Save the Children. Cette ville, qui subit un blocus quasi total, est sous la menace d’une attaque car l’Arabie saoudite et ses alliés accusent les rebelles d’y faire transiter clandestinement des armes venues d’Iran. Les houthistes et Téhéran nient ces accusations.

Menace de choléra

Les Nations unies ont également averti que tout combat majeur dans cette ville pourrait mettre un terme aux distributions de nourriture à 8 millions de Yéménites qui en dépendent pour leur survie.

Sur vingt enfants de moins de 5 ans, au moins un souffre de malnutrition aiguë sévère à Hodeïda selon l’Unicef, qui estime aussi à plus de 11 millions, soit 80 % des enfants du pays, les petits Yéménites ayant « un besoin désespéré d’assistance humanitaire ».

Depuis mars 2015, quelque 10 000 personnes ont été tuées, en majorité des civils, et plus de 56 000 blessés dans le conflit. Selon l’ONU, trois Yéménites sur quatre ont aujourd’hui besoin d’aide, notamment alimentaire, et le pays est menacé par une troisième vague de choléra.

Source : Le Monde