Les Iraniens s’étonnent beaucoup ces dernières années de voir surgir en Iran comme des champignons des sanctuaires de saints inconnus jusqu’alors. Il faut dire que sanctuaires et séminaires rapportent des fortunes colossales à ceux qui les sèment à tous vents.
La chaine télévisée en persan « Voice of America » diffusait sur son émission hebdomadaire fin aout « Safheh Akhar (la dernière page) » un reportage choquant sur ces marchands du temple multimilliardaires en Iran, intitulé « les dépenses du clergé de la poche des gens ».
« L’islam existe depuis des siècles en Iran, explique le présentateur, mais il est important de savoir comment le pouvoir a abusé des croyances et des sentiments populaires. A combien se monte l’argent que le pouvoir actuel donne aux mosquées, aux séminaires et aux sanctuaires.
Production de saints
« Ce qui est incroyable c’est que les saints de ces sanctuaires n’ont pas de nom mais portent les lettres de l’alphabet, saint M, saint L. Le plus choquant c’est qu’ils sont reconnus officiellement par l’Etat. Par exemple, le site de l’agence Shabestan explique que « la construction du sanctuaire des saints Einali et Zeinali (l’équivalent de saint Glinglin) dans le nord-ouest de Téhéran a commencé au mois de décembre et que cette partie des travaux va se monter à 50 milliards de rials et que l’ensemble coutera 200 milliards rials et se fera sur une période de 24 mois. »
On peut prendre pour exemple la construction d’un sanctuaire à l’entrée du fameux Takht-e-Jamshid, à Persépolis. Les promoteurs disent qu’il s’agit d’un saint connu depuis fort longtemps, saint Ibrahim, or la population n’en a jamais entendu parler. Mais ce sanctuaire comportera un complexe résidentiel, un camping, un parking, des toilettes, des espaces verts, etc. A la fin des travaux, il s’étendra sur 17 hectares. Il se trouve que dans les environs de Marvdacht, juste à côté, il existe déjà sept sanctuaires qui portent le nom de ce saint. Une véritable chaine hôtelière.
Il est bon de savoir qu’au moment de la révolution l’Iran comptait 1500 sanctuaire de saints. Ils se montent aujourd’hui à plus de 10.000. Ce qui correspond à la construction annuelle de 300 sanctuaires. Une production de saints à la chaine …
Brasser des milliards
Il est évident que le but de tout ce cirque n’est pas seulement de flouer la population. Le but est absolument de brasser des milliards.
Gholam-Ali Jaffarzadeh, député de la commission du budget, dans une interview avec l’agence Mehr a déclaré : « je suis allé dans plusieurs sanctuaires et je sais que 20% des revenus des sanctuaires sont prélevés par l’organisation des pèlerinages. Ces messieurs disent que cet argent va servir à des activités culturelles, mais qui leur a délivré cette autorisation ? Ceux qui disent que les revenus de chaque sanctuaire sont dépensés sur place disent un mensonge. Où va cet argent ? »
On va entendre la réponse du directeur de l’organisation des pèlerinages : « Dans les 9 derniers mois de cette année, les gens ont versé plus de 51 milliards de tomans d’aumône et de dons dans ces sanctuaires. 15% ont servi pour les sanctuaire et 5% pour le reste des bâtiments religieux de la province. » Où vont donc les 80% restants ?
Les sanctuaires appartiennent à l’organisation des pèlerinages L’Etat n’a aucun droit de regard sur cette organisation et ses revenus. Elle dépend directement de Khamenei, le guide suprême des mollahs. Ce régime se débrouille pour vider par n’importe quel moyen les poches de la population.
Le directeur de l’organisation du pèlerinage a déclaré que « 52% des sanctuaires du pays n’ont pas de revenus et pour entretenir les bâtiments nous avons besoin d’un budget de 7 milliards de tomans. » 7 milliards de tomans, qu’ils ont obtenus, juste pour entretenir des sanctuaires !
Pour avoir une idée du mot astronomique quand on parle de la corruption des mollahs :
Pour la construction d’un séminaire religieux au mois d’avril, le régime iranien a versé 31 milliards de tomans à deux organes religieux : le bureau de la propagande islamiste du séminaire de Qom et le conseil suprême des séminaires. En trois mois, le gouvernement a donné 58 milliards de tomans à ce conseil suprême.
Comparons : le budget de l’Education nationale en 2018 est environ de 35 milliards de tomans. Si on divise ce chiffre par le nombre de 12 millions d’élèves et un million d’enseignants du secteur public, il ne reste rien pour les établissements scolaires. Pourquoi ? Parce que 98% du budget part dans les salaires de ses fonctionnaires. Il reste à peine 2% destinés aux élèves.
La distribution de lait dans les écoles a été interrompu parce que le gouvernement dit ne pas avoir d’argent. Si l’on utilisait le budget de seulement quatre de ces sanctuaires, il serait possible de donner un litre de lait et un déjeuner à chacun des 12 millions d’élèves.
Le gouvernement dit ne pas avoir d’argent mais il a donné 1.628.800.000 de tomans ces quatre dernier mois au « Centre de modèle islamique ».
Le secteur le plus riche du pays
Les mollahs n’ont jamais eu, au cours de l’histoire de l’Iran, la moindre part dans la production des biens du pays. Mais depuis qu’ils sont au pouvoir, ils affichent les plus hauts revenus de la société.
L’organe le plus improductif du pays est l’Assemblée des Experts. Son secrétariat, qui est constitué de 7 mollahs, reçoit 20.020.000 tomans par jour. Chacun reçoit quotidiennement 3 millions de tomans.
Autre exemple : Tout le système de formation de mollahs venus de l’étranger et l’entretien de leurs familles coute chaque jour 835 millions de tomans. Le gouvernement a accordé un budget de 305 milliards de tomans pour l’année 2018 à ce système qui s’appelle Djama’at al Mostafa. Chaque minute il reçoit 580.000 tomans
Le chercheur et écrivain Johanna Najdi a écrit que deux minutes de ce budget équivalent au salaire mensuel d’un ouvrier et cinq minutes équivalent au salaire mensuel d’un enseignant.
Si on supprimait de la surface de la Terre ces deux organes, l’Assemblée des Experts et Djama’at Al Mostafa, chaque jour on pourrait mettre un milliard de tomans au service de la population.
Le conseil suprême des séminaires religieux engloutit quotidiennement plus de 20 milliards de tomans pour sept mollahs, uniquement pour déterminer la politique des séminaires religieux.
L’organe intitulé l’Assemblée mondiale d’évaluation des cultes islamiques, qui dépend de l’organisation de la culture et de la propagande islamique, dont le vice-président est le fils de l’imam du vendredi de Machad, touche chaque jour 102 millions de tomans. Elle a même une université des religions qui dispose d’un budget séparé.
Le représentant du guide suprême dans les gardiens de la révolution, le mollah Ali Saïdi Chahroudi, touche 10 millions de tomans à l’heure, soit un budget annuel de 94 milliards et 198 millions de tomans.
L’organe de représentation du guide suprême dans les universités dépend de Khamenei mais prend son budget du gouvernement et perçoit 390 millions de tomans par jour. Cet organe sert à écarter les bons professeurs et les bons étudiants ou à les forcer à partir étudier à l’étranger.
Le centre artistique de l’organisation de la propagande islamique, pour la diffusion de la propagande littéraire et antédiluvienne des mollahs, regroupe une poignées d’individus qui se vendent au plus offrant pour réciter des poèmes chaque année devant Khamenei. Il dispose d’un budget mensuel de plus de 5 milliards de tomans.
Des privilèges à la pelle
En plus du fait qu’ils ne payent pas d’impôts, ni de facture d’eau et d’électricité, ni quoi que ce soit, dans cette situation où la crise de l’eau est aigüe en Iran et où les médias demandent à la population de consommer avec modération, l’eau, le gaz et l’électricité des mosquées et des salles de prières sont gratuites. C’est une décision votée par le Majlis, le parlement des mollahs, en 2012. En 2016 ils ont ajouté à la liste des bénéficiaires les séminaires religieux et tous les édifices religieux, notamment les sanctuaires.
Saïd Khal, « maire » du sanctuaire de Khomeiny à Téhéran a passé un contrat avec une société pour y nettoyer les toilettes d’un montant d’un milliard et demi de tomans. La fonction de « maire » ici signifie gestionnaire de tous les revenus et de toutes les dépenses de ce complexe commercial et ‘religieux’, qui sort de l’autorité de la mairie de Téhéran. Qui l’a fait maire ce Saïd Khal et qui lui a permis de faire une ville autour du sanctuaire de Khomeiny ? Hassan Khomeiny, le fils de, et un ancien maire de Téhéran Seyed Hassan Nadjafi.
La mairie de Téhéran a versé un budget de près de 3 milliards de tomans pour construire une mosquée dans le quartier de Mir Damad. Il a même fuité que la mairie avait donné 30 milliards de tomans pour la construction de saunas et de jacuzzis sous le sanctuaire Ghazi Saber dans le quartier de Vanak.
Avec ce budget on pourrait construire 100 stations de détection de séisme, alors que le directeur de la recherche sismique en Iran déclare que le pays souvent sujet aux tremblements de terre a besoin de 600 stations de ce genre.
Cette même mairie de Téhéran a versé 15 milliards de tomans pour une cérémonie religieuse dans la ville de Karbala en Irak et le gouvernement a consacré 550 milliards de tomans à la construction de la route nécessaire à cette cérémonie. Or cela représente 4,5 fois le budget nécessaire pour la reconstruction des écoles détruites par le séisme dans l’ouest du pays, et 137 fois le montant des dégâts infligés aux bibliothèques publiques de la ville de Kermanchah.
Le régime iranien a versé 880 milliards de tomans pour dorer le dôme de la mosquée de Sainte Zahra en Irak au mois de juillet rapporte l’agence Fars. Le même mois, l’agence Ilna cite un conseiller municipal de Tchabahar en Iran : « 20.000 habitants de Tchabahar n’ont ni eau ni électricité et vivent dans des ruines entre des pneus. La population des bidonvilles de Tchabahar se monte à plus de 50.000 personnes et il n’existe même pas un mètre de canalisation d’eau dans ce bidonville. »
Comment s’étonner que depuis huit mois la population laisse éclater sa colère dans les rue et appelle à un changement de régime ?
Source : Iran Manif