Des demi-tomates vendues dans des barquettes en plastique provoquent la colère d’internautes

Une photo d’une barquette en plastique publiée sur Twitter a trouvé un large écho sur le réseau social. Elle pointe le problème de l’utilité des emballages et de leur recyclage.

« La nature est bien faite, il fallait bien la défaire. » Cemil Sanli a photographié, vendredi 13 juillet, un rayon de fruits et légumes découpés et emballés dans du cellophane dans un magasin Géant d’Annemasse (Haute-Savoie). Parmi ces produits, des tomates coupées en deux, placées dans des barquettes en polystyrène et vendues 3,20 euros, soit 6,90 euros le kilo.

« Disposées sur du plastique dur, emballées de plastique mou. L’écologie incompatible avec le capitalisme », a tweeté le jeune homme proche de La France insoumise. « Ces tomates m’ont tout de suite attiré l’œil, trois tomates coupées en deux pour 7 euros le kilo, et dans un rayon intitulé ‘bar à salades’, j’ai trouvé ça scandaleux, explique Cemil Sanli à franceinfo. Surtout qu’il y avait juste à côté des tomates vendues au kilo normalement, sans suremballage. Il n’y a aucune cohérence écologique. »

Des portions « plus adaptées à la consommation »

Mercredi après-midi, cette photo a été partagée plus de 2 000 fois sur Twitter et a suscité de nombreux commentaires de la part d’internautes, indignés par cette façon de présenter les produits et de les emballer.

Interpellée sur Twitter, l’enseigne a répondu être désolée pour « cet incident ». « Nous attachons de l’importance à la qualité de nos produits », précise-t-elle.

Contactée par franceinfo, un porte-parole du groupe Casino explique que la vente des fruits et légumes découpés est « une tendance de consommation ». « Ces produits séduisent les consommateurs pour la facilitation de préparation en cuisine et le gain de temps. Pour celui-ci précisément, c’est l’équipe dédiée au rayon fruits et légumes qui opère directement ce service de fraîche découpe. » Chaque magasin est libre de découper les fruits et légumes qu’il reçoit, précise l’enseigne. Elle a aussi ajouté que, contrairement à ce que certains internautes affirmaient, ces aliments pré-découpés ne sont pas destinés aux personnes handicapées qui ne peuvent découper elles-mêmes leurs aliments.

« Ce produit a été proposé à la vente à l’initiative du magasin, de manière isolée et n’a d’ailleurs pas vocation à être reproposé en rayons dans les semaines qui viennent. » Le groupe précise que ces emballages permettent d’éviter le gaspillage car les « portions sont plus adaptées à la consommation » et une meilleure conservation. À côté de ces pratiques, Franprix, enseigne du groupe Casino, développe la vente en vrac et s’est engagé à « arrêter ou remplacer à très court terme les articles en plastiques chimiques à usage unique ». Des pratiques « incohérentes » pour Cemil Sanli qui n’y voit qu’un argument marketing.

Une tomate, une courgette, un ananas, une pomme, une banane… Sont tout naturellement protégés par leur propre peau. Les emballer de plastique augmente de fait le gaspillage.Cemil Sanlià franceinfo

Des déchets difficiles à recycler

Le groupe Casino n’est pas le seul à proposer des fruits et légumes découpés et emballés, Monoprix ou Carrefour mettent aussi à la vente ces produits. Problème, les matières utilisées pour contenir ces produits frais sont souvent difficilement ou pas du tout recyclables. « Le cellophane est impossible à recycler, c’est un usage unique. En France, le seul objet en plastique qu’on sait bien recycler, ce sont les bouteilles, et encore on ne peut les recycler que trois fois, ensuite elles finissent dans la nature », affirme Fanny Vismara, porte-parole du collectif Plastic Attack à franceinfo.

« Globalement, 66% du plastique utilisé en France est à usage unique et finit à la poubelle, ça fait beaucoup », reprend Fanny Vismara. Ces produits plastique sont ensuite incinérés ou enfouis, mais « les résidus chimiques vont se retrouver dans l’atmosphère ou dans la terre. Avec la pluie, ils vont se répandre dans les nappes phréatiques puis dans notre eau et avoir un véritable impact sur la santé », indique-t-elle. Autre problème, le plastique retrouvé dans les mers et océans, que les animaux peuvent ingurgiter par erreur.

Selon Nathalie Gontard, professeure de sciences de l’aliment et de l’emballage à l’Inra, l’emballage représente la majorité des produits plastique difficilement  recyclables et 300 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année dans le monde.

Source : francetvinfo.fr