Grèce : les impôts des pauvres ont quadruplé

D’après une étude de la fondation Hans Böckler, les impôts des plus pauvres en Grèce ont augmenté de 337%, contre une hausse de 9% chez les plus riches. La responsabilité incombe au gouvernement grec rétorque-t-on à Berlin.

Alors que le temps presse pour que la Grèce trouve un accord avec ses créanciers, l’étude de la fondation Hans Böckler, rendue publique jeudi soir à Berlin, confortera ceux qui dénoncent l’austérité subie par le pays. La conclusion des deux chercheurs grecs Tassos Giannitsis et Stavros Zografakis qui l’ont réalisée est sans appel: les plus pauvres ont payé le plus lourd tribut, notamment à travers l’augmentation de la fiscalité. «Le poids des impôts pour la moitié la plus pauvre de la population a augmenté de 337% tandis qu’il augmentait de 9% pour la moitié la plus riche», écrivent les auteurs. Depuis le début de la crise, les impôts directs ont augmenté de 53% en Grèce et de 22% pour les impôts indirects.

L’étude permet de mettre des chiffres sur une réalité évidente: les Grecs se sont fortement appauvris durant la crise. Le revenu moyen, avant impôts, s’élevait à 23.100 euro en 2008 et à 17.900 euro en 2012, ce qui représente une perte d’environ 23%. Dans le détail les inégalités sont fortes: les 10% les plus pauvres ont perdu 86% de leur revenu de 8462 euros en moyenne, à 1150 euros. A l’inverse, les 30% aux revenus les plus élevés n’ont perdu qu’entre 17% et 20% de leurs revenus.

«Changer de politique»

«Il est urgent de changer de politique», explique le professeur Gustav Horn, directeur de l’IMK, un institut associé à la Fondation Hans Böckler pour l’étude. L’aggravation de la pauvreté et des inégalités sous l’effet de la rigueur menace la possibilité pour la Grèce de renouer avec la richesse.

Mais pour le gouvernement allemand, ce constat ne contredit en rien les préconisations de réforme formulées à Bruxelles ou Berlin. Au ministère des Finances comme à la Chancellerie, on pointe la responsabilité des gouvernements grecs dans l’aggravation de la situation sociale dans le pays et les inégalités dans la collecte d’impôts. «Quand la Grèce essaie perpétuellement de persuader que ses problèmes trouvent leur source en dehors du pays, elle ne dit pas la vérité à son peuple», a expliqué le ministre des Finances Wolfgang Schäuble en début de semaine. «C’est ça le tragique de la situation en Grèce, c’est que les élites ne disent pas tout à fait la vérité à leur peuple». Pur lui, la Grèce a trop longtemps vécu au-dessus de ses moyens «en raison des erreurs de ses élites». Quand le pays «doit lentement revenir à la réalité, ça fait très mal», a-t-il conclu. Les plus pauvres, en Grèce, l’avaient déjà compris.

Source : Le Figaro