Incapables de payer les impôts immobiliers, des Grecs cèdent leurs biens

De plus en plus de Grecs sont contraints de léguer leur héritage à l’État, faute de pouvoir payer les impôts sur les biens immobiliers. Une conséquence des politiques d’austérité infligées au pays par l’Union européenne et le FMI.

La Grèce a beau se préparer à sortir de la tutelle budgétaire imposée par le FMI et l’Union européenne il y a huit ans, les effets des cures de rigueur successives sont pourtant toujours aussi douloureux pour la population. Comme nombre de journaux, I Kathimerini reprend les chiffres officiels publiés hier, 16 juillet, par les autorités helléniques. “En 2017, on estime que les refus de succession ont dépassé les 135 000 biens, soit par manque de successeurs, soit par impossibilité de payer les droits de succession, la taxe foncière et autres impôts. C’est un échantillon caractéristique de milliers de foyers qui, croulant sous le poids des taxes, préfèrent léguer leurs biens à l’État plutôt qu’en hériter”, souligne le quotidien d’Athènes.

Selon Eurostat, la Grèce arrive en deuxième position pour le montant élevé des impôts immobiliers. En 2016, ceux-ci représentaient plus de 40 % des revenus, alors que la moyenne européenne se situe à 11,1 %. “Au même moment, reprend le journal conservateur, la plupart des propriétés du pays sont laissées pour compte, et l’absence de demande de rachat est une réalité. Il est donc encore plus difficile pour les héritiers de trouver un acheteur à qui vendre leur bien avant d’en accepter l’héritage, pour s’en sortir financièrement.”

Un marché à deux vitesses

Selon les experts, le bien immobilier est aujourd’hui un luxe parce que, pendant ces années de crise, les propriétés ont perdu 45 % de leur valeur. Et la tendance se stabilise à ce niveau. Le journal voit poindre l’émergence d’un marché à deux vitesses avec, d’un côté, les régions et quartiers prisés qui n’ont pas été influencés par la crise, comme les îles de Mykonos et Santorin, et les autres.

Or ces derniers, qui appartiennent à la classe moyenne, sont d’autant plus en danger que l’Enfia [impôt foncier unifié] va encore augmenter en août. Ils risquent aussi d’atterrir sur la liste des biens de l’État, à défaut de pouvoir rester aux mains de ces Grecs incapables de payer leurs impôts.”

Source :  courrierinternational.com